Page:Le Tour du monde - 52.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Sainte-Énimie (voy. p. 279). — Dessin de Vuillier, d’après nature.


LE CAGNON DU TARN,

PAR M. ALPHONSE LEQUEUTRE,
PRÉSIDENT D’HONNEUR DE LA SECTION DU CLUB ALPIN FRANÇAIS DE LA LOZÈRE ET DES CAUSSES.
TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




I. D’Ispagnac à Sainte-Énimie.


Quel est celui d’entre nous qui dans sa vie n’a peu ou prou découvert l’Amérique ? Un accident de ce genre m’advint en 1879, en pleine France. À cette époque je connaissais à peine la France Centrale, lorsqu’un jour mon regretté ami Adolphe Joanne me proposa de découvrir la Lozère.

En examinant pour mon plan de route les cartes de l’état-major, la grande zébrure noire qui, sur le carré de Séverac, indique le cours du Tarn entre les grandes tables blanches des causses de Sauveterre au nord et Méjan au sud, attira vivement mon attention. Je demandai à Joanne s’il avait quelques renseignements sur cette région. « Aucun, me répondit-il, et vous devriez y aller. — Certes oui. »

Quelques jours après, en septembre 1879, j’étais à Villefort, et, ayant été tout d’abord reconnaître l’ensemble du pays du Roc Malpertus (1 683 mètres) et du pic Finiels (1 702 mètres), je descendis par la vallée du Lot à Mende.

À Mende chacun me dit merveille des gorges du Tarn ; mais je n’eus pas la bonne fortune de rencontrer quelqu’un les ayant visitées. On connaissait Ispagnac, on avait été à Sainte-Énimie : rien de plus. On savait seulement que les bateliers de cette dernière