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Cependant nous arrivons à la sortie de la rade. Nous passons à gauche de ce fameux rocher de Papenberg, du haut duquel un grand nombre de catholiques furent précipités dans les flots lors des persécutions religieuses au Japon.

La nuit est splendide ; la mer, d’un calme absolu, est couverte de milliers de petites lumières qui se confondraient avec les étoiles dont le ciel est parsemé, si une large bande noire, découpée à sa partie supérieure, ne vouait les séparer et nous indiquer les montagnes qui nous entourent. Ce sont les lanternes des barques de pêche. À minuit nous en voyons encore.

RADE DE NAGASAKI[1] (PAGE 184).

30 mai. — Nous nous réveillons dans les eaux de la Corée, devant la passe qui conduit à Fou-Sane. Cette passe est d’un accès difficile et dangereux. Par gros temps et par brouillard il est téméraire de s’y aventurer. À midi nous sommes à l’ancre dans la rade.

Trois ports seulement, en Corée, sont ouverts au commerce étranger. Ce sont d’abord Tchemulpo, sur la côte ouest, à une quarantaine de kilomètres de Séoul, la capitale du royaume. Puis, sur la côte est, Fou-Sane au sud et Yuen-Sane au nord.

Les douanes y sont régies par des Européens détachés du service des douanes maritimes chinoises et nommés par sir Robert Hart, sous la direction duquel les deux services se trouvent.

Presque tout le commerce extérieur est entre les mains des Japonais et des Chinois sur la côte ouest, et des Japonais seulement sur la côte est.

La poudre d’or, les fourrures, de légers tissus de soie, une sorte de papier très solide, qui remplace en Chine les carreaux de vitres, et surtout la racine de ginseng, que les Chinois considèrent comme fa panacée et payent presque au poids de l’or, sont les principaux produits d’exportation de la Corée.


IV

Fou-Sane.


L’arrivée d’un vapeur à Fou-Sane est un événement. C’est à peine s’il en vient deux par semaine. Aussi voyons-nous bientôt paraître à bord le sous-directeur de la douane. Il est désireux d’avoir des nouvelles du monde extra-fousanien, et d’acheter au maître d’hôtel du Tokio-Maru quelques provisions fraîches.

Nous le connaissions de longue date. C’est Le fils du poète norvégien Björnson. Il est enchanté de retrouver

  1. Dessin de Taylor, gravé par Ruffe.