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à Alexandrevsk, où nous étions le 13 dernier, et nous nous arrêtons pour la nuit à Jerebtsova.

L’excellent général Kakourine à déjà fait plusieurs fois la route. Il a même redescendu l’Amour depuis Stretinsk, en radeau. Je lui sus redevable d’une grande part des renseignements que j’ai pu réunir en Sibérie. Il me donne une foule de conseils pratiques pour le voyage en tarantass, et me promet de télégraphier au gouverneur général de la Transbaïkalie pour le prier de nous aider de tout son pouvoir.

Toutes les fois que nous allons arriver dans un joli site, il s’empresse de venir nous chercher, et ce n’est pas une sinécure, car les jolis sites sont très nombreux. Il nous fait suivre notre route sur une magnifique carte de l’état-major, qui est déployée devant lui. Il nous montre dans le fond, à l’ouest, la grande chaîne des monts. Kingane qui va de la mer Jaune à la mer d’Okhotsk presque en ligne droite ; puis, à l’est, la chaîne des monts Sahota-Aline qui longe la côte depuis Vladivostok jusqu’à Nikolaïevsk. C’est cette dernière qui à empêché l’Amour de continuer à couler vers l’est et l’a forcé à un détour de plus de mille kilomètres vers le nord. Le fleuve a cependant fait tout son possible pour franchir cette barrière ; car, tandis que la rive gauche, habituellement plate, presque au niveau de l’eau qui bien souvent l’inonde, offre aux regards d’immenses plaines couvertes d’une herbe haute et serrée, sans un arbre pour en rompre la monotonie, la rive droite, au contraire escarpée, très élevée, n’est qu’une suite de montagnes boisées formant les premiers contreforts de la chaîne Sahota-Aline.

BORDS DE L’AMOUR[1].

À mesure que nous avançons vers le sud, la neige se fait plus rare sur les sommets : la température devient plus chaude, car nous n’avons pas ici, comme dans la mer, les courants glacés du nord pour la refroidir. Mais, d’autre part, les journées deviennent moins longues, commençant plus tard et finissant plus tôt.

La différence de conformation des deux rives a une grande influence sur la population. Sur la rive droite de l’Amour, c’est-à-dire sur la partie montagneuse et boisée, je ne compte pas moins, sur la carte de l’état-major, de soixante-douze endroits habités entre Nikolaïevsk et Habarovka, tandis que sur la rive gauche il n’y en a que vingt-sept. Ces endroits marqués comme habités ne sont pas tous des villages, à moins que deux ou trois maisons réunies n’aient droit à cette appellation.

  1. Dessin de Riou, gravé par Ruffe.