Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/121

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Épela la grammaire et la coquetterie.
Elle a perdu (c’était bien facile à prévoir)
L’habitude, le goût et l’accent du terroir.
Elle a bonne façon, mais les gens qu’elle hante
Trouvent qu’elle est trop propre et surtout trop savante.
Mademoiselle fait des mines ! Et, quel ton !
N’a-t-elle pas laissé le bonnet de coton,
Ce casque, sous lequel sa servante et sa mère
Conservent leurs chignons une semaine entière !
Un peigne à grandes dents mord dans ses cheveux noirs
Peignés tous les matins et roulés tous les soirs.
Ô la coquette fille ! Elle a, chaque dimanche,
De petits rubans bleus à sa cornette blanche ;
Des effilés mignons flottent au bout des nœuds.
— Des rubans bleus, commère ? — Eh, oui, des rubans bleus !
— Cette Marie est folle et mourra sur la paille.
— Commère, et ce corset qui s’ajuste à la taille !

     Ô temps ! ô mœurs ! où sont ces hauts bonnets normands
Que sur leurs fiers chignons portaient nos grand’mamans,
Navires pavoisés de dentelle et de toile
Où chaque barbe ailée avait l’air d’une voile,
De sorte que la femme, à la messe arrivant,
Semblait une frégate errant au gré du vent ?