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Page:Le Vavasseur - Églogues, Lemerre, 1888.djvu/126

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S’exhaler entre nous un parfum de labour.
Sa tendresse nouvelle est la sœur de l’ancienne
Et, quand il prend ma main, je sens trembler la sienne,
Mais ses doigts sont calleux… laboureurs inhumains,
Ne peut-on travailler sans se salir les mains ?
Pauvre Jean !… près de moi sa voix est tout émue
Et parfois il me dit un mot qui me remue…
Ah ! s’il parlait français, nous nous entendrions…
Voudra-t-il m’écouter si nous nous marions ?
L’autre jour, il me dit au bout de la prairie :
— Peux-tu m’aimer un brin, ma cousine Marie ?
II était, en disant cela, comme ébloui.
S’il avait dit : un peu, j’allais répondre : Oui..
Il ajouta, n’osant me regarder en face :
— Te souviens-tu du temps où nous allions en classe ?
 
Je m’en souviens un brin, mais ce n’est pas assez.


Marie a réfléchi. Deux mois se sont passés.
À force de souffler sur les cendres, la femme
A-t-elle rallumé cette petite flamme
Qui dormait au foyer des amours oubliés ?

— Sans doute.

— Sans doute.   En attendant, les bans sont publiés.