Page:Le Vavasseur - Juvenilia, Lemerre, 1888.djvu/61

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Les rimeurs de rondeaux reprenaient leur métier,
Les forgeurs de sonnets remontaient leur enclume,
Les yeux fixés sur toi chacun taillait sa plume ;
Les écoliers ardents, boutonnant leur pourpoint,
Pour disputer ton cœur mettaient flamberge au poing.
Les dévots librement entonnaient des cantiques
Et tous disaient en chœur : Nous sommes romantiques !

Presque tous tes galants de ce temps sont défunts ;
Cependant il en reste encore quelques-uns,
Épris comme aux beaux jours de leurs apprentissages,
Que l’âge n’a rendus ni plus froids ni plus sages.
J’en sais un, — subis-tu son joug ? l’as-tu dompté ?
De ton maître ou de toi, qui fait sa volonté ?
Secouant devant lui sa torche incendiaire,
Pour Hugo tu te fais ribaude et vivandière,
Tu chômes Robespierre et tu hantes Guignol,
Contrefais le hibou, l’aigle et le rossignol,
Tu te meurtris les pieds, mais jamais tu ne cloches,
Tu bats tous les tambours, sonnes toutes les cloches,
Pleures avec Ruy-Blas, ris avec Zafari :
Est-ce une symphonie ? est-ce un charivari ?
— L’oreille qui l’entend le juge à sa manière,
Toi, sans jamais broncher, tu portes la bannière
De ton vieux maître et tous sont d’accord sur ce point,