Qu’un si pompeux fardeau ne te fatigue point,
Naturelle ou bizarre, héroique ou bouffonne,
Tu souffles dans son fifre et dans son saxophone,
Dur peut être l’accord, trivial le motif,
Dans un concert bruyant, monstrueux et fautif,
Les tons peuvent gémir sur le lit de Procuste,
Tu fais bien ta partie au chœur, — ta note est juste.
Au moins cet intrépide et fier grammairien,
Ô Rime, contre toi n’entreprit jamais rien ;
Au contraire, aux éclairs de tes feux d’artifices
Il fit et fait encor de trop grands sacrifices,
Son cœur comme à vingt ans tressaille à ton aspect.
Un seul homme en ce temps t’a manqué de respect.
Musset, enfant gâté, débauché de nature,
Était le libertin de la littérature.
La Rime était pour lui ce qu’au fer est l’aimant,
« — Une fille, après tout, qu’on méprise en l’aimant. »
Il joue an soudard ivre, il la bat, il la raille,
Dans un frac élégant rêve qu’il s’encanaille
Et, sceptique d’esprit, insolent et moqueur,
S’évertue en pleurant à rire de son cœur ;
C’est pour mieux se prouver qu’il est un Lovelace,
Qu’il coupe le corset qu’un plus courtois délace.
Page:Le Vavasseur - Juvenilia, Lemerre, 1888.djvu/62
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