Page:Le Vavasseur - Juvenilia, Lemerre, 1888.djvu/66

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Mais il rime si bien ! L’épithète insensée
Nous fait capituler avec notre pensée ;
On soutient tout d’abord le siége, on se défend,
On s’en veut d’être faible, on se traite d’enfant,
On résiste longtemps, mais à la dernière heure
La rime la plus riche est toujours la meilleure.

Et qui donc n’est tenté par l’éclat et le son
De deux piécettes d’or tintant à l’unisson,
Ô mes contemporains ! Est-ce toi, de Banville,
Berger athénien perdu dans la grand’ville,
Toi, dont la flûte attique aux sons mélodieux
Apprit d’Apollon même à célébrer les dieux,
Toi, dont l’inimitable et charmante arabesque
Illustre si gaiement l’ode funambulesque ?
Est-ce toi, dont rimer fut le premier tourment,
Toi qui naquis poète avant d’ètre gourmand
Et dont la fourchette est le pecten d’une lyre ?
N’est-ce pas qu’aux accents de toit premier délire,
Tout un levain d’orgueil en toi s’amoncelait,
De voir que Corcelet rimait à Monselet ?
La prose doucement mène à l’Académie :
Après Augier, Dumas prit cette voie amie ;
Mais on y monte aussi par le rude chemin
Et Leconte de Lisle y parviendra demain.