Ton estomac était vide comme ta tête.
Mais par quelque côté tu te sentais poète
Et ton cœur était excellent.
Aussi tu protestas en rimes assez riches
Pour ton ami Bardou contre les hémistiches
De l’hypercritique Boileau.
Mais la postérité n’en tint pas plus de compte
Que ce fat de tailleur qui refusa l’escompte
De dix rimes pour un manteau[1]
Despréaux n’a jamais mal parlé de ta muse.
T’a-t-il donc, indulgent au fredon qui l’amuse,
Mis à part dans le groupe élu ?
Si tu n’as pas senti les coups de sa houssine,
Ce n’est pas qu’il te crût élève de Racine,
C’est qu’il ne t’avait jamais lu.
Étais-tu de Paris, de Rome ou de Falaise ?
D’Apollon, pour avoir rimé quelque fadaise,
Tu te croyais le favori
- ↑
Toi qui passe sans contredit
Pour un des marchands les plus riches
Et qui de tes draps n’est point chiche
Quand on t’en demande à crédit,
Si, me traitant en philosophe,
Robin, tu veux pour ton étoffe
De moi ne prendre jamais rien,
Mon art te fera toujours vivre
Et je te peindrai dans mon livre
Si tu veux m’effacer du tien.