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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/104

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fortunez. Entreprise I.


eſtes le Prince le plus curieux des viuans, ie vous ay amené le plus rare ſuiect du monde, qui eſt vne Nymphe belle entre les parfaictes, ſage, & autant accomplie qui ſoit en l’vniuers, excellente en toutes les belles ſciences, dont vous exercez voſtre eſprit apres vos grands affaires. I’ay creu, que vous faiſant ſi beau preſent, i’auray vos bonnes graces : parquoy, Sire, s’il plaiſt à voſtre maieſté, ie la vous feray veoir, & la mettray entre vos mains. L’Empereur eut agreable ce que luy propoſa le marchand, & le pria qu’au pluſtoſt il luy fiſt veoir ce qu’il luy promettoit, & commanda qu’on fiſt tout bon recueil & courtoiſie à ce marchand. Le lendemain à heure commode le marchand ſe preſenta à l’Empereur auec ſa Nymphe. Incontinant l’Empereur enuoya en ſa petite maiſon de plaiſance de la Fontaine, où il manda à la Fee qui en eſtoit concierge, qu’elle preparaſt vn concert de Muſique, car par là il vouloit eſſayer les perfections de la Nymphe, laquelle il luy enuoya auſſi, & retint le marchand, luy faiſant beaucoup d’honneur, pour ce qu’il luy eſtoit aduis qu'il eſtoit de façons & habitudes plus exquiſes que d’vn marchand, & ſe propoſoit en ſon cœur que c’eſtoit de ces riches Princes qui font la marchandiſe en l’Europe, A l’heure de l’aſſignation, l’Empereur ne faillit pas, liures furent mis ſur table, inſtrumens furent apportez, & chaſcun ſe mit à faire du mieux, & dés lors les deux cōtendans à l’excés parfait, commenca à iuger de la force de ſa partie. Deux iours apres l’Empereur


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