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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/106

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fortunez. Entreprise I.


induite, Orievo° diray, puis qu’il faut que ie viue auec vous, qu’vn perſonnage deſcědu de la race du grand Atlas, m’a tellement inſtruit és ſciences leſquelles ie practique, que ſouuent i’ay ſurmonté mes compagnes, & pluſieurs doctes qui en faiſoyent profeſſion, & me tenois tant contente de ce bien, que pour entretenir ma voix, à cauſe de la muſique, & ma diſpoſition és autres gentilleſſes, il me rendit auec quelques miennes compagnes en vn ordre de chaſtes filles, où i’ay paſſé quelques annees ſous le vœu de virginité, en intention perpetuelle de viure ſelon les ſainctes conſtitutions de ce lieu là. Mon pere viuoit encor’, qui eſtoit le premier & plus ſçavant aſtrologue de ſon temps, le bon homme eſtoit ja vieil quand ie naſquis, & n’y a gueres qu’il a fait ſa paix auec le ſiecle, or me voyant grandette & conſtante en la reſolution que i’auois priſe, il m’y confirma : mais pource qu’il iugeoit bien que ie n’eſtois point ſi diſgratiee que ie ne fuſſe deſirable, lui qui ſ’entendoit en la ſcience des Taliſmans, en a fait vn qui eſt en la chappelle de noſtre college, auquel eſt mō pourtrait, & il y a telle vertu & force auec effet indubitable, que ſ’il ſe trouuoit d’auanture quelqu’vn qui voulut attenter à ma chaſteté, il courroit la plus miſerable & dangereuſe fortune du monde, incontinent il ſeroit priué de tous ſens, tous ſes amis ſeroyent opprimez d’angoissés & ſes poſſeſſions periroyent par le feu de l’air, ce dont il m’a auertie, afin que ie ne permette à aucun d’encourir ce malheur, tel qu’il eſt auenu à l’heritier de l’iſle deſerte, & auſſi pour me maintenir en ma reſolutiō : En fin comme les