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Le uoyage des Princes


labirinthe de deſplaiſir, qui le coulant au goufre d’angoiſſes le preſſa de tant d’afflictions, que la moindre eſtoit ſuffiſante de le moleſter iuſques à la mort. Sans ceſſe le ſouuenir lui enfantoit les figures de ſes delices deſirables, dont il auoit ruyné le ſujet, lequel bien qu’il fut eſlongné & rejetté luy fourniſſoit inceſſamment les pourtraits de l’accompliſſement de ſa chere volupté pretendue, en celle qu’il a indignemēt deſtruite. En ceſte mordāte deſplaiſance, il prit reſolution d’ēuoyer chercher Etherine, & ſe propoſoit l’ayāt retrouuee lui faire tāt de bōnes ſatisfactions qu’elle ſeroit cōtēte, & minutāt deſia en ſon cœur, les belles paroles dont il la doit amadouer, proportionna le remede a ſon ennuy, & enuoya en diligence de ſes plus loyaux, pour ſoigneuſement la trouuer & la ramener : Ces ſeruiteurs fideles & diligens, & qui n’ont autre conſideration que d’obeïr à la parole de leur Prince, vont en haſte, taſchent d’executer ce qu’ils peuuent de leur charge, ils arriuent où eux & l’Empereur cuident qu’Etherine eſt errante au milieu des perils, ils courent, vont, viennent, eſcoutent, eſpient, & vſent de tout artifice de chercheurs, ils vont traçans ça & là à la queſte de l’ame de l’Empereur, il n’y a coin, deſtour ny endroit tant reculé, qu’ils ne furettent, il n’y a buiſſon tant recelé qu’ils ne deſcouurent, ny paſſage tant egaré qu’ils ne frayent, ils ſe rencontrent auec le iour, au meſme endroit qu’elle auoit eſté laiſſee, & y ayant paſſé ne l’ont pas deſcouuerte : Ils en mettent le deffaut ſur les tenebres, mais la lumiere ne leur en apprend rien : ſinon qu’ils trouuent la meſche, dont on