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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/125

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Le uoyage des Princes

Pres de ces ueritez ne ſont que des fictions.
Mais ma belle eſt-il vray, eſt-il vray que ma vie
Vous ſoit en quelque eſtime ,& qu'en ayez pitié ?
La ſaincte verité de vos leures ſortie
Fontfoy que vous auez (receu mon amitié.
Que i'ay de gloire en moy, que ma vie eſt contente,
Qu'vn ſuiet ſi parfait ſoit la loy de mon cœur,
Auſſi ie vy pour vous d'vn amour ſi conſtante,
Que tout vous me verrez de deuoir & d'ardeur.
Telle ſera ma foy conduicte par ma flame,
Que des conſtans amans la guide elle ſera,
Comme la cauſe en eſt grade és yeux de Madame,
Le grand effet en moy touſiours en paroiſtra.

Ce pendant qu'ils repaſſoient ces accords ſous l'examen de la doctrine des conuenances, voicy arriuer vn ballet de Bergers & Bergeres, accordans les inſtrumēs, les pas & les voix, l'entree fut de deux pairs de Bergers & Bergeres, vn Berger triſte, vne Bergere triſte, vn Berger content, vne Bergere contente.

LE TRISTE.

I'aymois vne bergere
Cent fois plus que mon cœur,
Mais ſon ame legere
L'a faict changer d'humeur.
c'eſt vn malheur extreſme
De patir ſous l'amour,
Malheureux eſt qui ayme
Plus longuement qu'vn iour.

LA TRISTE.

Pauurette deſolee,
I'aymois trop vn Berger,