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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/132

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fortunez. Entreprise I.


fiez d’eſtats qu’ils pretendent, ou n’auoir entree écharges ambitieuſes qu’ils appetēt, ou n’obtenir pas la bonne grace des Dames aymees ? Que ſi quelqu’vn contriſtant la bonne fortune iouyſſant à gré de tout vient tomber és accez de ceſte tranchee, ou melancholique ou diuine, nous dirons que c’eſt vne maladie ſuperieure, qui l’a fait mourir au mōde, & le laiſſerōs ſuiure ſes bonnes fantaiſies, toutesfois quoy que ce ſoit on choppe à quelqu’vn des eſtos que nous auōs recognus. Tandis qu’on ſe preparoit pour ſe retirer, Fonſtelād prenoit ainſi cōgé de Lofnis : Madame, ie ſuis en peine, pource que l’amour ſollicite mon cœur auec des paſſions eſtrāges, biē que ie ſois viuemët perſuadé, que mes deuotions vous ſont agreables. Et puis cognoiſſant mō peu de merite, ie brāſle en I’incertitude de pouuoir vn iour emporter le prix des fidelités qui m’exercerōt ſuiuāt la fortune que ie me ſuis propoſee en vo° ſeruāt : c’eſt l’amour qui me fait extrauaguer. Ie rōps le cours à ces penſees, puis que mō courage qui me presēte le fruict de la conſtāce, me promet que ie perſeuereray en vous aymāt. Et pourtāt mō ſouuerain biē eſt ordonné en l’eſtat de mes belles penſees, & mō bonheur eſt eſtabli és meditatiōs que ie fay apres la perfectiō que i’honore. Dōc maintenu par ce bon contētemēt, ie cōſole mō ame, qui autremēt deffaudroit preſſee des rigueurs de l’afflictiō qui tātoſt m’oppreſſera quand ie ne ſeray plus aupres de voº. toutesfois ie ſupporte l’aigreur de ceſte petite abſence, pource qu’elle me donne du cōtentemēt vo° repreſentant à moy plus auātageuſemēt, & ciſelāt voſtre pourtraict en mō cœur auec plus de force :