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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/164

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fortunez. Entreprise I.


cedees heureuſement & plus briefuement qu’ils ne penſoient, il aduint & par hazard non ſouuent aduenant, que la Remore ayant frayé vint s’affraper au Nauire de Sobare, où elle ſapa ſes petits, qui retindrent ſi bien le vaiſſeau, qu’il ne fut pas poſſible de demarer, que tout ce malin poiſſon ne fut eſcoulé, parquoy pour attendre le tēps auec plaiſir ayant faict eſtat de ſeiourner, ce qui fut agreable à la ſage Batuliree & à ſa fille, chacun ſe delibera de ſe donner ſuiect de paſſer le temps auec honneur & lieſſe d’eſprit. Ce retardement fut cauſe des aduantures amoureuſes de Beleador lequel s’eſtoit mis en la compagnie des Dames, pour voir les merueilles des ſerpens, y eſtant excité par ſa propre curioſité és ſuiects excellents. Il n’y auoit pas long temps qu’il auoit eſté en l’hermitage d’honneur, où il auoit recognu les raretez du lieu : Et comme chacun penſe qu’il ſera l’vnique rencontrant en ſa recherche, ayant veu ce tiltre d’or Ierotermia, il imprima en ſon courage l’opinion d’en trouuer le ſuiet qui luy ſeroit fauorable, & ce nom luy eſtant demeuré au cœur pour n’en eſtre iamais effacé, il ſe reſolut d’errer tant qu’il eut rencontré ceſt obiet vnique entre les accomplis, lequel il deuoit honorer faiſant ſeruice à la belle de ſon cœur, qui s’eſt trouuee eſtre la ſage Carinthee, fille de la prudēte Batuliree : Ceſte belle toute anciēne en ſa premiere fleur de ieuneſſe, paroiſt parfaite en vertus, gracieuſe en conuerſation, agreable en rencontre, & recommendable en eſtime. Cependant que les Fortunez ſe conſolent & conſeillent enſemble, & entretiennent les Dames de leur cognoiſſance,


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