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fortunez. Entreprise I.


qu’elle luy auoit offert. Elle luy dit qu’elle le vouloit biē, mais qu’il falloit neceſſairemēt attēdre à l’autre lune, à cauſe que les Taliſmans imprimēt leur force pour toute la lune à tout le moins : Lycambe faignant auoir des affaires, s’en alla auec promeſſe donnee à la Fee, de la venir reuoir dans peu de iours. Le temps expiré de la future ſciatique, voilà qu’Epinoiſe reuenant du chaſteau brōcha à vn petit caillou, à quoy elle ne prit aucunement garde, & ſur la nuict vne douleur commença à la faſcher, elle penſa que ce fut ce petit pas faux qu’elle auoit fait, parquoy elle enuoya querir vne vieille reuendeuſe qui ſe meſloit de remettre, & luy monſtra ſa iambe : la vieille qui doit touſiours faire valoir le meſtier, dit qu’elle eſtoit bleſſee, & la racouſtra, puis la laiſſa bandee, & emplaſtree d’herbes : celà n’y ſeruit de riē, car la douleur s’augmenta de telle ſorte, que la cauſe en fut miſe ſur le faict de la rabilieuſe, & la douleur ſe multiplia tant, qu’elle deuint preſques inſupportable. Les Medecins appellez n’y cogneurent rien, les Chirurgiens aſſemblez l’ignorerent, & les Empiriques n’y virent goutte, & cependant la pauurette perdoit patience, il n’y auoit perſonne qui peut y rien faire, tellement que la vieille Lycambe fut deſiree, qui vint auec les ſouhaits de la deſolee, laquelle deſia auoit pati quatre iours en expiation de l’offence faite à quatre perſonnes innocentes. Quand elle fut pres de la Fee elle fut inuoquee auec larmes & doleances qu’elle recueilloit en commencement de ſatisfaction pour la faute commiſe. La dolente Epinoiſe ayant conté toute l’hiſtoire de ſon


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