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fortunez. Entreprise I.


toutesfois elley enfonça le chiffre premedité, & vn peu apres, la pointure du feu, & toutes les autres douleurs ceſſerent, & la Fee ſe trouua auſſi gaye & diſpoſte que iamais, horſmis le petit regret de ceſte marque de feu, qui deſlors l’interdiſoit de la compagnie des Nymphes qui ſe baignent nues. Lycambe vint voir l’Empereur accompagnée d’Epinoiſe, qui le iour de deuant n’eſtoit pas en ſemblable diſpoſition, car il l’auoit eſté voir : parquoy l’ayant deuant ſoy en telle & ſi belle ſanté, luy en demanda l’occaſion : Elle luy dit que la ſage Medecine l’auoit guarie, ce qui fut cauſe qu’il eut encor plus de creance en elle qu’auparauant. La vieille ayant deuiſé auec l’Empereur print congé de luy, luy promettant de le uoir en bref auec certaines & aſſeurees aydes pour le recouurement de ſa ſanté, & l’accompliſſement de ſes deſirs. Entre autres preſens que l’Empereur luy fit, il luy donna vne perle bien ronde, vraye, fine, & de la troiſieſme grandeur, ceſte perle auoit vne proprieté que la regardāt des deux yeux, de ſorte que l’angle des deux rayons viſuels finiſſans à neuf poulces loing de ſon corps elle paroiſſoit toute verde, il y auoit vn petit inſtrument fait expres lequel eſtoit de verre blanc, & on y poſoit la perle, & on l’aprochoit & reculoit tant que lon fut bien, & lors l’aparēce ſe manifeſtoit, ſi on la mettoit en de l’eau roſe, où il y eut vn grain de muſc, elle paroiſſoit toute rouge, ce ioyau eſtoit pretieux & notable. Lycambe ayant auerti les deux marchāds de tout ce qui s’eſtoit paſſé, ils retournerent à Sepor en leurs logis, où ils ſe tindrēt quelque tēps & autāt que beſoin