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fortunez. Entreprise I.


de, il a eſté fait par le meſme artiſan qui forma la ſphere de Leon Empereur de Grece, en laquelle on voyoit les conſpiratiōs qui ſe faiſoyēt contre l’Empire Romain : Sire, ie vous laiſſe ceſte figure à l’eſſay, afin que l’experience vous rende certain de ſa valeur, ie m’aſſeure que l’ayant eſprouuee, vous m’en ferez bonne & honneſte recompenſe. Voyla auſſi l’aneau qui conioint à la piece exquiſe, la fera cognoiſtre admirable. L’Empereur fut fort content de la bonne grace de ce marchād, auquel il voulut faire quel que preſent & auance, mais le marchand lui iura, qu’il auouë de rien prendre de ſa majeſté qu’apres ſon parfaict contentement. Il le laiſſa donques aller auec beaucoup de careſſes & de bōne chere. Il eſt bien difficile qu’vne Dame puiſſe longuement faire l’amour ſans qu’on s’en appercoiue, ou que pour le moins on n’en parle ſourdement, meſmes il n’eſt pas aiſé que les Dames ſages puiſſent touſiours eſchapper la calomnie. Ces deux exercices auoyent en ce temps là mis ſur les rangs deux Dames de la court, leſquelles ne ſçauoyent pas ce qu’on diſoit d’elles, parquoy elles viuoyent à leur façon accouſtumee ; L’Empereur qui en auoit ouy faire des contes, par ceux qui prenoient plaiſir à calomnier, deſquels il eſtoit mortel ennemi, & que touteſ fois il oyoit de loin à loin, plus pour euiter les grands maux, ou y prouuoir que pour plaiſir qu’il y prit : ayant enuie d’eſprouuer ſa figure, il ſe mit à faire ſemblant de ſe delecter des propos qui offencent les Dames, parquoy auſſi toſt on lui conta tout du long, ce qu’on ne lui auoit dit