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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/210

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fortunez. Entreprise I.


ſ’accommoda chez vne ſiene amie, où la nuict elle ſe tenoit au guet quand le mari de Promuſtee eſtoit aux champs : Elle ne fut pas trompee, car elle vid la Dame ſortir du petit degré, & coyement aller à la porte du iardin, qu’elle ouurit & ſortit, portant auec ſoy quelque choſe : ayant biē eſpié, elle recognut que c’eſtoit vn petit baſteau de ſapin fort leger qu’elle mit ſur la riuiere & la paſſa, & tira à elle ſon baſteau, qu’elle cacha aupres d’vn buiſſon, elle fut aſſez long temps, puis reuint tout doucement. Noſpinee raconta à l’Empereur ce qu’elle auoit veu, & il en voulut auoir le plaiſir, ce qu’ayant conſideré, il ſe douta qu’il y auoit bien de la fineſſe, & diſſimulation en ceſte femme. Vn des Conſeillers plus familiers & fideles de l’Empereur, celui preſque qu’il aymoit le plus, eſtoit frere du mary de ceſte Dame : il l’appella, & luy commandant de faire ſon deuoir, luy declare tout ce qu’il auoit ouy de Promuſtee, luy donnant charge de paſſer l’eau, & voir où elle alloit, & faire ce qu’il luy enſeigna. Ce gentilhomme ne faillit pas à faire le guet de là l’eau, & vid ſa belle ſœur paſſer, & cacher ſon baſteau, puis diligemment tirer à vn chemin, conduiſant vers vne metayrie, dont il ſortit vn homme, qui rencontrant la Dame la baiſa, & prit par la main & la fit entrer en la maiſon, dont il ferma la porte. Ceſtuy-cy, ſelon l’enſeignement de l’Empereur va au baſteau, & y fait deux grandes ouuertures par bas, & il les reboucha de terre de potier bien nettement, & attendit la fin de la tragedie. La Dame reuint ayant fait ſon af-


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