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Le uoyage des Princes


faire accompagnee de ſon amy auec lequel elle diſcouroit d’amourettes : Or il brunayoit vn petit, tellement qu’ayant pris congé de luy auec geſtes impudiques, & venant à ſon baſteau, elle n’apperceut pas qu’on y euſt touché, ſi qu’elle le prend, & le met ſur l’eau & elle dedans, ainſi qu’elle fut au milieu de l’eau la terre fondit, & le baſteau auec ſa charge alla à fonds, ainſi la pauurette ne ſe peut ſauuer, ains alla à val & fut noyee : le lendemain l’Empereur auerty de tout, ne voulut pas que l’affaire fut diuulgué, il manda au compagnon qui l’entretenoit, qu’il vint parler à luy, mais il auoit deſia auiſé à ſes affaires, & s’eſtoit abſenté, car dés le matin le bruit courut qu’on auoit trouué vne Dame noyee. Le corps fut porté en la maiſon, & ſans ſcandale fut enſeuely, pour ce que par l’aduis du conſeiller il n’en fut rien recherché. L’Empereur aſſeuré de la bonté de ſa figure ſur vne meſchante, voulant l’eſſayer encore, & faire tant que ce fuſt ſur vne femme de bien, il s’aduiſa de ſçauoir premierement ſur le ſubiect de l’autre Dame, dont on luy auoit parlé, laquelle eſtoit Flidee, belle & de bōne grace, femme d’vn des maiſtres d’hoſtel de l’Empereur : vn iour aſſez beau que l’Empereur eſtoit en l’eſperāce de voir bien toſt la vieille Lycambe, & qu’il ſuiuoit curieuſement ſon deſſein & la figure d’argent, il enuoya vn gentilhomme à Flidee, qui la pria de ſa part de venir paſſer quelques heures de recreation au palais, le gentilhomme la trouua trauaillant en vne pente de tapiſſerie auec quelques ſiennes voiſines, paſſans. en deuis le temps ioyeuſement : ſi toſt que le gē-