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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/217

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Le uoyage des Princes


eut eſté pardonnable ſi en voſtre machination il n’y fut allé que de voſtre particulier intereſt. Quoy ? mon ſeptre, mon honneur, mon eſtat, & ma vie, eſtans expoſez au dernier hazard par voſtre miniſtere, y auroit-il moyen que vous peuſſiez obtenir pardon ? Il n’y a pas aparēce : & toutesfois ie vous en veux faire reſſentir quelque eſtincelle : Et pource auſſi affin que ie m’encline de tant plus à vous demonſtrer ma clemence, confeſſez moy la verité de l’entrepriſe des Fortunez, & quelle conſpiration vous auiez faicte, declarez le moy nuemēt ſans crainte & ſans fard. Et ie vo° promets de ne paſſer plus outre, a plus grande punition vers vous, deſcouurez moy auſſi l’ordre & le moyen que vous deuiez tenir à l’effet de voſtre coniuration, & comment ils ſe deuoient emparer de ma couronne, i’ay ſceu vne partie de ce qui en eſt, parquoy ie les ay punis, non ſelon leur merite, mais en ma debonnaireté. Lofnis monſieur tout ce qui m’eſt auenu par voſtre commandement, m’eſt ſupportable, pour ce ie croy que vous vous y eſtes comporté ſelon voſtre equité, par laquelle vous rendez iuſtice aux eſtrangers, & aux voſtres, auſquels ſur tout à moy, ie ſçay que voſtre miſericorde s’eſtēd liberalement ; ie ſuis indigne de me preſenter deuāt vos yeux, & toutesfois ie ſuis voſtre tres-humble fille, qui ay ſans ceſſe mis peine de viure auec toute la reuerēce que ie vo° doy, ie vous inuoque à croire ceſte verité, que c’eſt de voſtre bouche & ſeulemēt à ceſte heure, que i’ay ouy ces premieres nouuelles d’entrepriſe tēdāt à trahisō, ou cōiuratiō qui ait eſté braſſee par mon moyē ou mō