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Le uoyage des Princes


en ceſte humeur ie pris plaiſir à entretenir Fonſteland, qui plus que les autres me monſtroit de l’affection, ſe delectant à me ſeruir, & és parties de gentilleſſe que voſtre Maieſté aduoiioit, il paroiſſoit ſur tous pour l’amour de moy : parquoy à ſa requeſte, & ſelon nos agreables couſtumes, ie le receu pour mon Cheualier, le gratifiant de ceſt honneur pour le ſtimuler de plus en plus à voſtre ſeruice, qui eſtoit ma ſeule pretention, iuſques à ce que les affaires en determinaſſent autrement par voſtre volonté, & puis pour refpect quelconque, ie ne m’affectionnerois aucunemēt de ce qui ne ſeroit de ma qualité. En ceſte frquentation qui nous eſtoit permiſe & ordinaire, ie paſſois quelques heures de recreation, & meſme la derniere fois que ie vy les Fortunez, ce fut à la ſuaſion de ma couſine Epinoyſe, qui nous preſſa extremement de nous aſſembler au petit iardin que vous m’auez donné, & là ie me proumené auec Fonſteland tandis que la Fee & les autres eſtoient ſous le iaſmin, s’il vous plaiſt luy demander, elle le dira. Et elle qui eſt induſtrieuſe, inuenta vn ieu comme ſouuent, afin que i’euſſe le contentement d’entretenir longtemps ce bel eſprit. Et c’eſt la plus grande familiarité que i’eus, oncques auec luy, & eſt toute l’affaire & toutes les practiques que nous auons enſemble : Et s’il y a autre peché en moy, & ſi i’ay penſé contre l’hōneur, & ſi i’ay ouy propoſer choſe preiudiciable à voſtre ſeruice, ie deſire que la vie me ſoit incōmodité, voſtre grace me ſoit ruine, & que la lumiere me ſoit tournee en horreur & tenebres. Et vous demandant congé d’en iurer, ie vous iure