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fortunez. Entreprise I.


qu’à ceſte heure ie ſçay fort bien l’ordre qu’il faut tenir pour la paix de voſtre eſprit touchant Etherine, mais ie ſçay que l’on vous prepare vne grande affaire, ſi vous n’y prenez garde, vous auez eu icy aupres de vous trois freres dits les Fortunez, leſquels vous auez à tort mal menez, il y en a deux qui ſe ſont eſchappez, & ont fait auec leurs amis de Sobare, & Quimalee, & autres Royaumes telle alliance, moyennant la deſcouuerture qu’ils ont faicte d’vn pays riche, & de grāde eſtendue & facile à cōquerir, dont ils les recōpenſeront, qu’ils mettrōt vne armee fort grande pour aller à ceſte cóqueſte, ils ſont preſts, & leur deliberation eſt de moüiller l’ancre en vos coſtes, & vous venir demander leur frere, & quant & quant raiſon de la trahiſon qu’on a braſſée contre eux, ils ne pretendent rien contre voſtre perſonne, ains ſeulement contre leurs ennemis, cecy eſt preſt, il eſt vray que ſi vous voulez voir les deux Fortunez paiſiblement, & leur declarer les autheurs de leur mal, ils ſe fient tant en vous, qu’ils viendront à voſtre parole, ils de ſirent, Sire, d’eſtre ſatisfaicts, car ils ſont innocens & vos ſeruiteurs, & pour le vous faire paroiſtre, ils ſe preſenteront deuant vous en tel eſtat qu’il vous plaira, à condition que Madame voſtre fille ſoit deliuree, car elle eſt innocente : ils le ſçauent bien, Sire, car de fortune la Fee eſt tombee entre leurs mains, qui leur a confeſſé que vous eſtiez trompé par quelque flaterie qui vous auoit ſuppoſé des faucetez, ſur leſquelles vous auiez pris occaſion de perdre les Fortunez. L’Emp. Vous n’eſtes plus medecine vous eſtes conſeillere


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