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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/235

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Le uoyage des Princes


que s’il craint qu’il ſe retire, ie ne le feray point pourſuiure. Ceux qui en ſcauront quelque choſe, qu’ils le diſent & iy mettray ordre leur pardonnant. Tous les aſſiſtans iurerent n’en auoir iamais ouy parler, & de fait qu’ils ne ſcauoyent que c’eſtoit, & que par tout l’Empire il n’en eſtoit point de mention, & que l’on croyoit que l’abſence des Fortunez eſtoit pour quelque galantiſe au ſoulas de l’Empereur. Apres cela, Lofnis fut introduite, laquelle ſ’alla ietter aux pieds de l’Empereur qui ſe ſouuenoit de la preuue de la figure de verité, parquoy auec cela, adiouſtant foy à ce que ces ſeigneurs auoyent dit, & ſon cœur le iugeant, pource qu’il ſ’inclinoit vers les Fortunez à cauſe d’Etherine, il fit leuer ſa fille, & l’embraſſant auec vn paternel baiſer luy dit. Ma fille, tu fay vrayement bien paroiſtre que tu es de ceſte viue ſouche, dont nous ſommes yſſus, ayant paru obeiſſante & patiente : or bien ma mignonne ce mal eſt paſſé, ie vous recompenſeray quelque iour, pour l’ennuy que ie vous ay donné, ce pendant retournez en la liberté ou vous eſtiez parauant, & viuez ainſi que l’auiez accouſtumé. Puis ſe tournant vers Lycambe luy dit, Vous voyez le pouuoir que vous auez ſur moy, ie croy ce que vous voulez, allez vous enquerir de ma fille, & puis faites tout ce qu’il vous ſemblera bon ; ourueu que le tout tende à ma ſanté. Lycambe fut voir Lofnis en ſa chambre, & eurent enſemble beaucoup de propos, & tels qu’ils voulurent, ſans que pourtant Lycambe ſe deſcouurit à elle, apres ces diſcours elle reuint trouuer