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fortunez. Entreprise I.


Lycambe vous ne parlez plus en malade, vous dites en Empereur : Non, Sire, non laiſſez vn peu la couronne aupres de voſtre cheuet, & comme ayant affaire de moy reſoluez vous. S’il vous plaiſt que Madame vienne icy, qu’elle me iure que les Fortunez ſont innocens, & que vous me commandiez de les vous repreſenter, ie vous promets que vous les verrés, & que vous en aurés vne ioye accomplie. L’Empereur commanda qu’on enuoyaſt appeller Lofnis, & cependant il diſputoit contre Lycambe, laquelle mettoit tout le ſecours de l’Empereur en la dexterité des Fortunez. Lofnis entra deuant l’Empereur, auec les femmes du Coneſtable, du Chancelier, & quelques Princeſſes qui auoyent paſſé deuant, pour preparer l’Empereur. Eſtant venuë, on la fit vn peu attendre : d’autant que l’Empereur auoit enuoyé querir les plus ſignalez de ſa court, qui ſ’aſſemblerent, tandis qu’on alloit à la tour du iardin, & le conſeil n’eſtoit pas fini : ceſte aſſemblee fut ainſi ſoudaine, car en telles affaires il en faut faire de meſme : Quand ils furent preſens, l’Empereur parla ainſi : Ie vous ay fait icy venir, pour m’eſclaircir le cœur d’vne doute, & pour auiſer s’il eſt beſoin, à la ſeurté de mō eſtat. Vous ſçauez que i’ay eu icy n’y a gueres les Fortunez : dont vous auez peu voir la capacité, vous auez auſſi ſceu comme ie les ay traitez : la peine que ie leur ay fait porter comme à ma fille, n’a donné peur à aucun, ſi que depuis ie n’ay peu ſçauoir ny entendre qui ſont leurs complices : Ie vous diray ſ’il y a quelqu’vn qui ait intelligence auec eux, qu’il le die, & ie luy pardonne, dés ceſte heure,