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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/238

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fortunez. Entreprise I.


ainſi que ſi vous m’aparteniés : viuez en la ſorte que vous auez fait au paſſé, & diſpoſez de tout. Auec ces paroles il les receut, auec grande demonſtration d’amitié & de reconciliation, les proteſtations de contentement, les excuſes, les promeſſes, & telles ouuertures de courage ſont eſcrites dans les beaux cœurs, qui le ſçauent proportionner à l’egal de leur alegreſſe, quand telles ou ſemblables affaires leur ſuruiennent. L’Empereur ne voyant point la vieille Lycambe la demanda, Viuarambe luy dit que comme ils venoyent, vn meſſager l’eſtoit venu querir en diligence, pour aller chez elle voir ſon mary qui ſe mouroit, lequel poſſible elle ne trouueroit que difficilement en vie : l’Empereur ſe contenta, eſtant aſſez ſatiſfait de ſes Fortunez, qu’il auoit recouurez contre toute eſperance. Dés le iour meſme, les Fortunez eſclaircirent l’Empereur de tout : car la Fee s’eſtoit deſcouuerte à Lycambe, ſi qu’il fut aſſeuré de ſa fille & d’eux, il eſt vray que rien ne luy fut declaré de l’amour de Lofnis & Fonſteland, car il eut eſté queſtion de deſcouurir tout, & il n’eſtoit pas encor temps. En ceſte ioye heureuſe, pour teſmoigner ſon aiſe, l’Empereur entre autres actes galands qu’il fit effectuer, il enuoya au vaiſſeau qui auoit porté les Fortunez ésiſles de miſere, & y fit mettre le feu, à ce qu’il perit auec tout ſon equipage qu’il deteſta, puis fit raſer les deux tours où ſa fille auoit eſté priſonniere : Et ſi en ceſte humeur il eut tenu Epinoiſe, il l’eut perdue, & de fait il enuoya à la fontaine, & fit abatre le pe-