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fortunez. Entreprise II.


ſpacieux Royaume de Nabadonce, qui par vn bout eſt contigu au grād Empire de Glindicee ; En ce Royaume cōmande le plus ſage de tous les Rois, & qui eſt tel que la grandeur & magnanimité des autres, eſt sō appuy, & ſon eſtat poſé ſur la vertu, ſe maintient en l’aſſeurance de la vertu de tous ceux qui y pretendent ; il eſt en parfaite concorde auec tous ceux qui le cognoiſſent, auſſi vit-il ſans auarice, ſans enuie, & ſans inimitié : Ce Roy eſt magnifique en pieté, modeſte chez ſoy, fidele à ſes amis, & l’innocence eſt le comble de ſes grandeurs. Et pource que la parole eſt le pourtrait de l’ame, on reconoiſt l’integrité de la ſienne en ſes propos, car ſ’il diſcourt, ſes paroles ſont autant de traits parfaits de ſapience, emplies de la loüange des vaillans ſans aucun meſlange de ſes merites ; ſon ambition eſt d’eſteindre toute vanité ; Et l’ample deſir d’augmenter ſa domination eſt l’entretien des loix, & la conſeruation des peuples, leſquels à ſon exemple, viuent en l’ombre de leur deuoir ſans autres ſouhaits ou ambition, que de ſ’vnir à l’honneur, qui eſt l’vnique biē auquel ils aſpirent : car l’eſtime qu’ils en font, les fait croire que ceux qui viuent ſans honneur, ſont ſi pauures, qu’il ne leur reſte rien qu’vne ame miſerable. Ainſi que ce Roy paroiſt entre les Princes vertueux, eſtant vne lumiere parmi les potentats, auſſi ſes pretentions ont eſté de faire ſi bien, que ſes enfans tres-accomplis, ne fuſſent ſecondez d’aucun en ce qui eſt de la vertu. Parquoy il a mis toute peine de les rendre dignes heritiers de la loüange qui lui eſt deuë, Ce Roy a trois fils,


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