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fortunez. Entreprise II.


ceſte qualité, & vous nous auez commandé de departir à Meſſieurs ce qui eſt gracieuſement dōné aux humains, leſquels pourtant l’obtiennent au prix du labeur. Nous auons intētion à ce ſeul but, & comme il vous plaiſt nous commander, il eſt en noſtre pouuoir, ſelon l’homme, de vous rendre la preuue que voſtre Maieſté deſire. Sire, donnez-nous ce vieil chaſteau qui eſt là bas vers Septentrion au parc de la ſolitude, c’eſt vn lieu ruiné, qui n’a de beau que l’attente de mieux, il eſt l’habitacle des chouëttes, & oyſeaux malheureux, la retraicte des ſerpens & animaux cruels, & là, s’il vous eſt agreable, nous eſtablirons les principes de noſtre labeur, & y ferons paroiſtre noſtre induſtrie, octroyez-le nous donc, & commandez que les ouuriers que nous choiſirons, nous ſeruent fidelement, & ie vous promets, que deuant que deux lunes ſoient paſſees, vous aurez certitude de noſtre diligence & affection à bien faire, auec induction de noſtre capacité par la veuë de noſtre ouurage, qui poſſible ſera vn des brins du plumage des belles aeſles qui portent voſtre nom par l’vniuers. Le Roy l’ayant ouy reſpōdre à ſon intention accorda a Sarmedoxe ce qu’il requit, & d’auantage luy ouurit ſes threſors, afin que rien ne manquat. Incontinant les ſages ſe mirent à trauailler ſous la conduicte du ſage ancien, & employerent gens & maneuures à nettoyer le vieil Donjon, dedans & dehors, deſmolir les cloiſons, abattre les planchers, boucher les feneſtres, fermer les fentes à ce qu’il n’y reſtaſt que les murailles vnies, n’y laiſſant d’ouuerture que la porte, tant qu’il en fut beſoin. Là dedans