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Le uoyage des Princes


le vieillard diſpoſa vn baſtiment dont le deſſein eſtoit en ſon cœur.Et pour lequel conſtruire, il fit appareiller de la terre graſſe, de celle qui eſt verdaſtre, laquelle il fit dextrement conrroyer, l’humectant de l’eau où auoit eſté diſſout le ſel vierge, lequel eſt le premier qui ſe congele és marais, & emprunte l’odeur des violettes : dans ceſte terre il meſla la limaille de fer, dont on a oſté la teinture par ebulition en vinaigre, & ceſte teinture eſt ſouuerain remede aux mauuaiſes couleurs des Dames, & ce corps mort de fer il le fit incorporer auec du verre pillé y adiouſtant de la terre blanche, ſelon la proportion conuenable à ce que le tout fut bien & deuëment lié. De ceſte compoſition dont il y auoit vne immenſe quantité, il forma les parois, les cloiſons, les planchers en voulte, remplis par deſſus, & le toict de ſon edifice enduiſant dedans & dehors la ſuperficie d’vne glaire, où il auoit fait tremper la pierre ſerpentine : auec ceſte criſtaline verte qui ſe trouue és forges où l’on rafine le fer & l’acier. Par ce moyen les ſales, chambres, cabinets & autres pieces furent conſtruites ſelon leur propre ſymmetrie, puis il laiſſa tout bien ſecher : En apres dedans & dehors il emplit le vuide de bois, & fermant l’entree & les autres œrs incommodes, ainſi que font les potiers qui cuiſent leurs ouurages, il mit le feu au vieil donjon, afin que ſon œuure cuiſit, le feu eſtant eſteint, & le tout refroidit, il y entra & fit oſter les cendres, & reuifita tout, qu’il trouua fort bien, excepté vn petit endroit vers le couchant, où il ſe trouua vne fente laquelle il boucha proprement auec ce ſouffre congelé