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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/260

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fortunez. Entreprise II.


parfait des ames genereuſes, organe de leurs en trepriſes & conduicte de tous leurs deſſeins. Le temps eſcheu, & que Sarmedoxe auoit faict entendre au Roy, que les Princes eſtoient capables de ſuiure les erres de Fortune, il fut treſ-aiſe, & gratifia les ſages à leur deſir, leur commandant de continuer & de demeurer touſiours en l’hermitage pour y receuoir ſes commandemens. Or ce Roy qui a le iugement grand, & qui ne ſe borne pas à la ſimple apparence, deſira par eſ ſay notable ſçauoir, ſi l’interieur de ſes fils reſſembloit à ce qui paroiſſoit, & voulut luy-meſmes eſprouuer la ſageſſe de ſes fils. Parquoy ſur l’aduis pris au cabinet de ſon cœur, il enuoya appeller ſon fils aiſné, lequel ayant introduit en ſon particulier, il luy dit, Vous ſçauez, Caualiree mon fils, le ſoin que i’ay pris pour vous rendre tel que vous peuſſiez atteindre au rang des plus accomplis, & ie croy que vous auez le iugement de cognoiſtre le fruict que vous en deuez rapporter, qui premierement doit tendre à l’honneur de Dieu, puis au ſoulagement de mon âge, & plaifir de mon eſprit, vous pouuez § la peine du trauail continuel auquel i’ay eſté bandé tout le plus aiſé de mes ans, pour gouuerner mon Royaume en paix, & maintenir mes ſubiects en toute douceur & iuſtice, maintenant que le tēps m’a rendu peſant, il eſt heure que ie iouyſſe de quelque repos pour ſauourer le peu de vie qui me reſte, & que le reſſente la lieſſe de tranquilité attenduë par le bien que i’auray de vous veoir, ſelon mon deſir, partant afin que i’aye l’heur d’acheuer ma vie en patience, ie delibere me retirer