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Le uoyage des Princes


pouuoit en riē profiter, l’ēnui, la peine & le deuoir qu’il y cōtinuoit eſtoit perte, parquoy sō cœur ſe mutina, & finalemët ſe deſeſperāt ſe reuolta, & fit bāqueroute à l’Amour. Et pour ſe vēger autāt de ſoymeſme, que de l’amour & de ſa dame, la fureur lui ayāt recuit le courage, tout dépit il choiſit le tēps propre pour teſmoigner ſon indignatiō, &. faire preuue de la nouuelle audace qu’il auoit practiquee cōtre ſa maiſtreſſe ; & ce fut il y-a certains ans paſſez à l’anniuerſaire de la belle Glylitee, que no° celebrōs icy ſelon les ordōnāces de Floride : c’eſt ici le meſme endroit où ceſte couſtume ſ’obſerue, & qu’aueint la notable auāture que ie vous raconte. Pluſieurs belles eſtoiēt aſſemblees auec beaucoup de ieunes gēs, qui venoiēt rendre conte de leurs deportemēs amoureux. Asfalean eſtāt en sō ordre, de manifeſter ſes intétiōs (auec le cōgé de la Preſidēte) taiſant le nō de ſa Dame, qui eſtoit preſente, nous fit ce diſcours, que ie pēſe auoir retenu exactemēt. Mon deſtin ayāt eſté cōioint aux aſtres formellemēt vnis à l’influēce d’amour, il ne m’a pas eſté poſſible que perpetuellemēt ie n’aye reſpiré la douceur, que les bel les ames doiuēt cōceuoir, pour les obiets deſirables, & pource auſſi i’ay inceſsāment eu quelque ſuiet qui m’a excité ; tellemēt que pour paroiſtre braue amant, ie me ſuis eſleué vers les parfaites idees qui cauſent l’affectiō, ayant choiſi vn obiet qui m’auoit eſleu de ſon propre vouloir, & m’y eſtois tāt obligé, que ie croyois que ma fidelité contraignāt ma Belle de maintenir nos affectiōs, nous ſeriōs eternellemēt & ſans chāger en ſi belle cōdition. Mais i’ay eſté trōpé ; auſſi tout ce qui