Aller au contenu

Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
fortunez. Entreprise II.


laiſſee ſans luy auoir rien dit, ayant eu ceſte opinion & veu ſon geſte, qui contenoit ſous ſa grace quelque myſtere, en auertit le ſage Hermes l’ami de l’Empereur, lequel ne meſpriſe rien, & pourtant il alla auec luy recognoiſtre ce qui en eſtoit, ſi qu’ayant eſpluché la cauſe de cet effect, & puis l’effect en toutes ſes circonſtances en fit vn grād eſtat, & fit entendre au iardinier qu’il eſtoit beſoin pour ſon honneur & profit notable qu’il teint ceſte affaire ſecrette, iuſques à ce qu’il fut temps. Les ceremonies acheuees, & tout ayant eſté celebre à l’auantage des bons, & vrays amās ; les pelerins d’amour ſ’eſtants retirez & nous demeurez ſeuls, le ſage Hermes ayāt informé l’Empereur de ce qu’il auoit entendu & ſceu, le conſeil fut aſſemblé & la place viſitee : adonc par vne ſage deliberation ioincte aux aduis de la ſageſſe, il fut dit que ceſte liqueur ſeroit eſpargnee, & ſelon le reſultat du conſeil & le vouloir de l’Empereur qui eſt magnifique en deſpenſes, fut faicte ceſte fontaine pour receuoir ceſte mignonne coulante ; qui peut ſ’eſpancher dans les cœurs : & ainſi a eſté baſtie ceſte double fontai ne, en laquelle ſont les deux eaux : car ce petit endroit que vous voyez vn peu releué, eſt i’eauë ſacree de cette larme, & ce qui eſt au grand baſſin eſt la commune, qui luy ſert de rafraiſchiſſement, & ſ’adapte indifferemment à l’vſage vulgaire. Ceſte petite (pour vous la ſpecifier mieux, à ce qu’elle vous ſoit en plus d’eſtime) eſt la pure diſtillation virginale, & a eſté recueillie en ce porphire d’or, au bord duquel


Q ij