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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/287

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Le uoyage des Princes


appreſtoit ſon voile pour ſerrer les raretez de nature, que les Fortunez fortans du deſtour de l’alee de la fontaine, prirent le grãd chemin de la ville, de laquelle approchant ils rencótrerent vn perſonnage bien monté, & ſuiui de cinq ou ſix feruiteurs, qui ſ’arreſta à eux, & pource qu’il les voyoit cóme gens arriuans de quelque part, leur demāda ſi en † chemin ils n’auoiét pointveu vn Chryſofore, & que f’ils en ſçauoient des nou uelles, ou qu’ils euſfentveu quelqu’vn l’émener, º illes prioit del’en auertir. Ils § ödirent que le Chryſofore eſtoit ſeul & qu’il ſuiuoit ſon che min, ils ſçauoient bien que c’eſtoit vn animal meſtif que les habitans de Quimalee font ainſi engendrer. Ils reçoiuent vn chameau du ventre " de ſa mere, & le mettent ſous vne aſneſſe qui l’a— lette & eſleue, quâd ce chameau eſt grand& qu’il eſt capable d’engendrer, il ſuit le laict, tellement qu’il n’a aucune volonté és chameaux femelles, ains pourſuit les aſneſſes, à ceſte occaſion on luy en ſubmet quelques vnes, leſquelles de telle ſait lie conçoiuent les Chryſofores qui ſont beaux animaux, gråds cöme mulets, mais de diuerſes & belles couleurs, qui toutes en quelque ſorte que l’on les regarde rédent vn brillant doré : cet ani mal de ſon propre inſtinct ſuit le ſoleil, eſtant chargé il ſe repoſe quelquefois entre les deux ſo leils, ſ’il eſt ſeul, car eſtât en troupe & que lon le pouſſe lors qu’il ſe veut coucher il eſt obeifſant, que ſ’il chemine ſeul, il va ſelon ſon intétion, tât. que le Soleil ſoit couché, & alors il ſe couche, & au leuer du ſoleil il ſe leue. Or eſt-il que les mu lets de l’Empereur eſtoiëtvenus de la recolte des