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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/292

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fortunez. Entreprise II.


ſi nous eſtiõs voleurs, la cõſciẽce qui eſt plus forte que l’ame meſme nous accuſeroit deuät vous, & n’y auroit pas moyẽ de ſubſiſter en voſtre preſence, n’eſtɑ̃s point innocens ; auſſi nous n’auons as tɑ̃t d’âge & de neceſſité que la vie no* ſoit vn malin fardeau, duquel nous ayons enuie de perir volótairemẽt. L’EMP. Vous vous endurcirez tɑ̃t en voſtre mal, qu’il n’y aura plus moyẽ d’obtenir pardon, auiſez vous, & ne faictes point tant les ſuffiſans, car nous ſçauõs le moyé de rabatre tels art fices & de plus grands. Le IEVNE. Sire, l’aparẽce de noſtre fortune vous doit oſter l’opinion de l’intereſt que vo* auez en la perte du Chryſofore, qui eſt ſi peu quand il ſeroit tout perdu, qu’il ſ’en peut recouurer vn autre, & meſme cet tuy là peut eſtre trouué : mais le mal qui eſt fait à des innocés ne peut eſtre reparé, voſtre equité y pouruoira. L’EMP.Voici de beaux diſeurs, il les faut reſſerrer, le tëps leur enſeignera à parler d’v— ne autre ſorte, pourtãt que l’on les enqueſte dili gément ſelon les voyes de iuſtice. La Fée ouit le bruit de ce qui ſe paſſoit touchât ces prisóniers, & ſçachât que c’eſtoiét ces ieunes eſtrangerstät accomplis qu’elle auoit eus à la fontaine, voulut preuoir à leur fortune, parquoy en haſte ellevirit vers l’Empereur. Ainſi qu’elle entroit en la ville on ramenoit le Chryſofore, qu’vn valet de charbonnier auoit trouué au long de la foreſt, & l’auoit redreſſé ayant veu la couuerture qu’il co gnoiſſoit.La Fée ſe haſtoit d’aller & rencótrales Fortunez qu’on remenoit en priſon, elle ſ’ad dreſſa aux ſergens, leſquels ayant priez remene rent les priſonniers à l’Empereur, qui eſtoit cncor au lieu meſme où il les auoit interrogez,