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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/305

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Le uoyage des Princes


comme touſiours eſtimé, & trouué du plus deli cat & gracieux, pour la bouche de ſa Majeſté. A l’inſtät, l’Empereur quine veut point perdre de tëps lui cömäda de fairevenir ceux quiluiauoiét vendu la vigne.Cependant le prouuoyeur auoit fait venir le maiſtre berger du parq del’Empe reur, lequel auoit fait ce preſent à ſa Majeſté : comme rare, nouueau & beau. L’Empereur luy commanda de luy dire où il auoit pris ce che ureau, le pauure paſtre dit ingenuëment à † eſtoit : Pardonnez moy, Sire, ie ne l’ay pas fait par malice. Il n’y auoit que deux iours que ce pauure petit eſtoit nay, quand ſa mere eſtant aux champs, ſ’eſlongna pour aller brouter en vn geneurier, derriere le † il y auoit vn loup caché qui l’empoigna, ans qu’on la peuſt ſecourir, ie fus bien § de ceſte perte, & encor plus à cauſe du petit que | ie perdois, & il eſtoitle premier, ſi que c’eſtoit vne choſe rare & exquiſe, parce qu’iln’y en auoit point encore. Ie m’auiſé d’vne maſtine quiale ctoit trois petits chiens, ie les pris & lesiettay en l’eau, & mis le cheureau § chiene, le petit auoit faim, tellement qu’il la’cha auidement le bout du tetin, & continua tant qu’il deuint grād & beau, le voyant refaie, frais, gras, & ayant mi ne d’eſtre fort delicat, ie l’ay baillé au prouuo yeur qui en fait grand eſtat, car de fix ſepmaines on n’en verra de bons. L’Empereur le renuoya, luy deffendant de luy enuoyer de telles viandes vne autrefois. Le Marchand qui auoit vendu la vigne arriua, & l’Empereur l’enquit, s’il auoit autrefois acheté ceſte vigne, ou ſ’il l’auoit euë de