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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/337

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Le uoyage des Princes


plaiſe autant que ma vie vous ſera en recommendation, par la pitié que vous en aurez, de tenir mon ſecret au cabinet de vos penſees particulieres. Ie n’oſe me deſtourner des arreſts que vous prononcez, leſquels me commandent ſi doucement, parquoy ie vous declare que nous ſommes fils du Roy de Nabadonce, qui allons errans pour faire fortune par noſtre propre induſtrie, & pour apprendre des couſtumes de diuerſes nations, le parfaict moyen de bien gouuerner, & nous accomplir en tout ce qui nous eſt ſeant pour approcher de la perfection, ioinct que ce n’eſt pas aſſez d’eſtre iſſus de grāds, il faut par la vertu ſe rendre digne du lieu d’où on eſt venu. Et pource eſtant vn pauure puiſné, il me conuient chercher auancemēt ſelon que le bonheur me conduira, & que le ciel me donnera quelque main fauorable qui me guide aux grāds effects, & terme d’honneur : Il eſt vray que ſi i’auois l’heur d’eſtre monarque, i’eſtimerois mō bien le plus ſouhaitable d’eſtre voſtre ſeruiteur. Madame, vous auez moyen de punir ma preſomption, ou de vous monſtrer genereuſe, en ſupportant la temerité où voſtre cōmandement m’a fait entrer ; vous en vſerez ſelon voſtre ſageſſe & clemence, & ie ſuiuray les fortunes qu’il vous plaira. Lofnis, Les promeſſes doiuent auoir mutuel entretien, & s’effectuer principalement entre gens d’honneur & de ſemblable rang : Ie croy que vous ne voudriez pas vous ſuppoſer pour celuy que vous m’auez declaré eſtre, partant eſtant fils de Roy ie ne vous enuoirai point à d’autre fortune que celle que vous