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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/343

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Le uoyage des Princes


Cecy formoit le peuple à vne grande obeiſſance & accord, perſonne n’oſoit outrager ſon pro chain.Il eſt vray que ſi parignorance & ſans ma lice on tomboit en quelque default nô premedi té, & que l’actionné le confeſlaſt librement on en voyoit la verité par le miroir, car le viſagé miré deuenoit rouge, &d’vn rouge honteux qui duroit trois iours, puis celà ſe palloit & le iuge en co gnoiſſoit pour y apporter l’intereſt ſelon l’exigé ce du cas.Par ce moyen le monde eſtoit tenu en bride, ſi que chacun ſe contentoit de ſa fortune, ſans enuie manifeſte, & ſans entreprendre ſur au truy. L’heureux Empereur poſſeſſeur de ce mi roir apres longaage raſſaſié deiours, laiſſa ce mö de, & l’Empereur mon pere fut ſon heritier. Or l’Empereur mon pere auoitvn frere beſſon, qui euſt bien voulu que le partage euſt autremêt eſté faict, & s’y attendoit, auſſi eſtoit-il entreprenät, hazardeux & de menee, & ſi mon grand pere & les Eſtats n’y euſſent prouueu, il ſe fuſt emparé de la Couronne, car il y auoit quelques flatteurs, qui l’aſſiſtoient, ayant des Conſeillers qui luy fai ſoient entendre : ainſi que diſent quelques pre tendus Iuriſconſultes, le ſemans ſottement : que le dernier venu eſt l’aiſné : en quoy leur ignorance paroiſt manifeſte, ne fuſt-ce qu’à la conſideration des autres animaux, qui ont luſieurs petits, & à la ſuperfetation, ce qui eſt † decidé par les ſages, & les ſaincts decrets, attendu que le premier venu eſt l’aiſné, & com me le dit le vulgaire, Qui premier naiſt premier paiſt. L’Empereur doncques ſuyuant la verité, ayant diſpoſé de ſa Couronne entre les mains