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fortunez. Entreprise II.


de mon grand pere, & mon oncle ſe voyant fru ſtré de ſon attente inique, ne laiſſa pas d’y perſi ſter, ayant gens quil’aſſiſtoient à debattre la ſuc ceſſion. Il eſtoit Prince vaillant & de belle gra ce, grand maiſtre à voller les cœurs, ſi qu’il auoit des † qui ouuertement ſuiuirent ſon par ty, parquoy vne grande guerre ciuile s’eſmeut, es armes furent leuees par tout, & tant de mu tins firent vne ſi groſſe leuee, que mon pere fut contraint de dreſſer vne grande armee, & aller au deuant de mon oncle, & luy liurer bataille, où il le vainquit, trop de ſuiets y perirert, & enco res que la victoire eſcheut à mon pere, ſi ne fut elle pas entiere, car mon oncle eſchappa, ayant deſtourné le Miroir par la trahiſon de deux po teſtats qui luy liurerent & s’enfuyrent auec §, quiauec ceioyau ſe retira au Royaume de Soba re, où pour lors regnoit Sobarebelle& ſage Prin ceſſe, laquelle portoit meſme nom que ſon Roy aume & que ſa ville metropolitaine. Le Prince eſtant là, afin d’auoir la bonne grace de la Roine, &retraicte aſſeuree, fit preſentduMiroir à laRoy ne, qui en auoit ouy parler autresfois & des mer ueilles de ſon eſfet, mais il luy fut inutile, à cauſe qu’il auoit eſté fabriqué pour ce climat, & meri dien, auquel ſeulil peut ſeruir. Orilya quelque temps que pres la ville de Sobare, qui eſt ſur le bord de la mer, il parut vne choſe eſtrange : C’eſt qu’au leuer du Soleil quelques cent toiſes loing du haure, il ſe leua vne grande main eſtendue, aduantageuſe & eſpouuantable, quitout le iour demeura ſtable, & au Soleil couchât s’eſlança ſur le bord, & empoigna vn homme qu’elle rauit


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