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fortunez. Entreprise II.


ques aupres de ſa ſœur, qui par ce moyen l’oyoit parler à elle & luy reſpódoit, ſi que trop ſeparees & de ſi grandes diſtances, elles ne laiſſoientiour nellement de ſe viſiter par paroles, & diſcou roient de leurs ſecrets par la voix qui couloit du long de ce canal. Apres la mort de ces Da mes, il eſt auenu par l’indiſpoſition du temps, que ce tuyau tant exquis a eſté vſé & briſé par endroits, qui eſt cauſe qu’apres la voix proferee on en oit d’autres qui ſont redites par l’air, va gantes ç’a & là. Axilee en † quelques reſtes & en fit vn petit tuyau, qui luy ſeruit de meſme : mais nature deſpeça ce tuyau, & le deſpeçant du tout, le ſema par le monde, ce qui paroiſt par ceſte impudéte voix qui rcdit tout, & afin qu’A— xilee n’en peuſt refaire vn autre, elle luy oſtal’in duſtrie de glacer l’air, pour recompenſe dequoy, parce qu’elle eſt iuſte, elle lui donna renouuelle ment de vie, & cognoiſſance des choſes futures. C’eſt elle qui a § la Fontaine Pidaxe be. Ceſte Fée eut pitié de la pauure puiſnee, , tant miſerablement releguee, & luy predit ſes auātures iuſques à vn certain temps, auquel elle ſe trouueroit preſſee par la mort, de la main de laquelle ſi elle eſchappoit ceſte fois là, elle de uiendroit la plus contente du monde, & deſlors elle luy donna d’vne eauë qui la rendit la plus belle & agreable brunette de toutes celles qui pour lors penſoient auoir de la grace, & luy con ſeilla ce qu’elle deuoit faire, attendant la mort de ſon pere, lequel depuis l’abſence de ceſte fille n’a eu que du regret ; meſmes tous ceux quil’a— uoient veuë & en ſa preſence n’en auoient faict


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