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fortunez. Entreprise II.

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DESSEIN SEIZIESME.


Viuarambe preſente ſon ſeruice à la Royne, qui le recoit ſous belles conditions. Apres le banquet il fait chanter vn hymne d'amour en ſa faueur, & partant luy laiſſa vn doux adieu.



VIuarambe ayant occaſiō de repenſer à ce qui s'eſtoit paſſé, & voyant à quelque geſte l'alteration de la Royne pour ſon ſujet, & que d'effect elle ſe rēdoit fort accoſtable, & ſur tout à luy ſe dōna licēce de ſe diſpoſer à la ſeruir : & n'auoit plus autre peine, que la crainte qu'il auoit, qu'elle leur dōnat congé trop toſt. Parquoy il ſollicite promptement ſon cœur à l'auācement du plaiſir qu'il reçoit à s'obliger à ceſte belle Royne, piquée de meſme, & qui eſmeuë du pareil ſoin, trouue tous les iours diuers & cōmodes moyens de retenir ces Ambaſſadeurs, qui eſtoyēt aſſez contents d'eſtre forcés à ce qu'ils deſiroyent : car Viuarābe auoit cōmuniqué ſon affaire à ſes freres qui l'approuuoyent. Et pour en eſtre reſolu, & ſ'il ſeroit accepté de la Royne, vn iour, que ſelō ſa couſtume elle entretenoit puis l'vn puis l'autre des Fortunez, remettāt leur depeſche au retour d'vn ſiē ſecretaire d'eſtat qui negardoit l'heure d'arriuer de la Chine, où il eſtoit allé pour en amener des Imprimeurs, afin de renouueler la Bibliotheque Royale ; Elle deuisāt auec Viuarābe, il vint à propos de faire quelques queſtiōs, & apres quelques vnes reſolues, il lui demanda ſ'il eſtoit touſiours


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