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Le uoyage des Princes


mant apres elle, que l’on pouuoit ouïr rére en ſe plaignant non de ſoif : ains de deſir de ſor tir de ceſte irraiſonnable maiſon : le iugement luy donnoit vne viteſſe plus grande, & des ruſes plus excellentes : Quelquesfois la triſte biſche tomboit en danger d’eſtre tuee par les foreſtiers, & puis eſtanteſchapee, recheoit ſoudain en d’au tres calamitez, dontl’abiſme eſtoit deuant elle : la moindre de ces miſereseſt aſſez capable de fai re entendre aux Rois, qu’ils doiuent eſtre pru dents à l’endroit de ceux qu’ils eſleuent, leſquels quelquesfois deuiennent pires que les beſtes, qui font § à ceſte pauurette, döt l’hoſte doü loureux zard qui l’accompaigne d’vne mordante melan cholie, Ainſi tranſporté, ce languiſſant eſprit agité de ſes peines, trauerſant ſous quelques ar bres, pour donner paſture à ce corps emprunté, r’encontra de fortune au pied d’vn noyer, le corps d’vn parroquet mort, mais tout chauden cor, & n’y auoit gueres qu’vn paſſant l’auoit tué par meſgarde : Ilyauoit ſur cet arbre vn grand corbeau, auquel il prit ſa viſee, mais comme il laſchoit, le mal-heureux oyſeau ſ’enuola, & le trait porta dans le corps du parroquet qui eſtoit § plus haut, ce perſonnage eut ce coup à deſdain, tellement que reprenant ſon trait laiſſa là le corps del’oiſeau, que la biſcherencontrant à propos, eſleut pour moyenner ſon bien : L’E— ſprit royal s’auiſant qu’il auroit plus de conten tement dans ce bel organe, & que les mali nes fortunes ne talonnent pas tant ces eſpeces, e laiſſa couler tout lentement par la longue


aleine :