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fortunez. Entreprise II.


ray. Adonques le parroquet ſongea en ſoy-meſme ce qu’il deuoit faire, & ſe trouuant en vne extreme peine, ſe reſolut tellement que ſur le midi il commença à dire, Parroquet mignon. La Royne veintà lui, & lui dit, Mon petit parroquet vous n’en dites gueres. le parroqvet. Vous n’en dites gueres. La Royne. Parroquet mon mignon parlez donc à moy le p. Ie me tais pour le ſeruice de ma maiſtreſle. la r. vous eſtes beau parroquet. le p. Il eſt beau qui a belle Dame. La Royne toute ſatisfaite dit à Gaſe, vraiment ma fille ce parroquet eſt des meilleurs, il le faut vn peu laiſſer r’aſſeurer. Le parroquet prenoit garde que la Royne ne ſortoit point, peu de gens la venoient viſiter, elle eſtoit comme ſolitaire, & n’auoit pres d’elle que les ordinaires de ſa chambre, & que ſi ce Roy venoit, il n’y eſtoit gueres, en apres il oyoit les diſcours qu’elle faiſoit à Gaſe, dont il iugeoit que ſon eſprit auoit de l’inquietude, ioint que la nuict il l’oyoit ſouſpirer, regretter, & ſe lamenter. Parquoy vn iour qu’elle auoit enuoyé ſes femmes, qui ça qui là, & que par hazard elle fut ſeule elle ſ’aprocha de ſon parroquet, qui tous les iours lui degoiſoit quelque nouueauté, & à ceſte heure là, cōme il la ſentit ſi pres de ſoy, la regardant d’vn œil de pitié il fe mit à ſouſpirer : la Royne ſ’auiſant de ce geſte, ne ſceut que preſumer, ſinon que ce fut quelque bon Demon, preparé à ſon ayde, ainſi qu’elle y penſoit profondement le parroquet lui dit, Mon eſſence, ie parle à vous. Si toſt qu’elle eut ouy ce mot, qui eſtoit le cher ſymbole de l’aliāce du Roy & d’elle, elle fut eſmeuë, dont elle dit, Mon mi-


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