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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/481

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Le uoyage des Princes

Donques il eſt certain que l’on ſent par l’abſence
Plus de calamitez que n’en cauſe la mort ;
L’abſent ſent mille maux, cauſez de ſouuenance,
Tout ſouuenir ſ’eſteint ſi toſt que l’on eſt mort.
Lors que i’eſlongneray voſtre belle preſence,
Ie mourray mille fois, & ne pourray mourrir,
Ie choiſi donc la mort pour auoir patience,
Et perir vne fois ſans tant de fois perir.
Je ne veux plus mourir ; ie garde encor ma vie,
Afin de vous ſeruir tandis que ie viuray,
D’vn mort vous ne ſçauriez iamais eſtre ſeruie,
Quād ie n’aymeray plus, c’eſt lors que ie mourray,
De ces extremitez ie choiſiray l’abſence,
Car on ne reuient plus ayant beu du lethé,
Adieu donc, pour encor auec perſeuerance,
Uous venir teſmoigner de ma fidelité.

L’opportunité venuë, les Fortunez partirent de Quimalee, & au depart ils y receurent toutes les courtoyſies que l’on depart à ceux dont on fait eſtat. Pluſieurs belles parties furent faictes ſur ce ſuiet, où le Roy ſe trouua, pour l’honneur qu’il portoit à l’Empereur de Glindicee, & à la Royne de Sobare, deſquels ils auoient honorablement receu & feſtoyez les Ambaſſadeurs paſſans. En peu de temps le vent ayant eſté propice & propre, les Fortunez arriuerent fauorablement en Glindicee.