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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/480

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fortunez. Entreprise II.


rerent vne partie de ce qu’ils auoient ſçeu d’elle & pource luy conſeillerent ce qui eſtoit de faire Parquoy le Roy ayant appellé ces Ambaſſadeurs, il leur promit qu’il ſ’enqueſteroit de ceſte affaire, & que ſ’il en pouuoit deſcouurir quelque choſe qu’il en auertiroit le Roy de Boron, & qu’il pēſoit auoir ouy parler du pyrate qui auoit fait le coup & que ſ’il venoit en ſes terres qu’il ſ’en ſaiſiroit & luy enuoyeroit. Ainſi il les deſpecha toſt, tellement qu’ils partirent incontinent, pour aller en Sobare & autres lieux. Le iour du depart des Fortunés eſtāt au lendemain, Caualiree en diſcouroit ce ſoir là auec ſa chere Cliambe, & ce futur eſlongnement apportoit beaucoup de regret & douleurs à leurs deux cœurs ; Mais quoy ? il falloit que celà fut, d’autant que la fortune des freres ne ſe pouuoit ſeparer, pource qu’il cōuenoit qu’ils ſ’entraidaſſent à cauſe de l’honneur & de leurs grandes pretentions : car de laiſſer icy Caualiree, il ny auoit pas d’apparence, parce qu’ils euſſent eſté cognus, & leurs belles parties euſſent eſté imparfaictes, & puis ils craignoyēt que leur pere n’eut pas trouué bon ce deſordre, ayant en ſon cœur, comme ils iugeoyent, propoſé qu’ils paruinſſent auec gloire, ſans que leur qualité les auāçaſt : Cliambe ſentāt ceſte abſence ſouſpiroit auec les ſouſpirs de Caualiree, qui deuiſant auec elle luy proteſtoit qu’il luy eſtoit auis que l’abſence & la mort eſtoient egalement ameres, voir que l’abſence eſtoit la plus inſuportable & douloureuſe ſans reſolution & pour luy en demonſtrer viuement ce qu’il en ſentoit, luy dōna le teſmoignage qu’il en auoit ainſi ſouſpiré,