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fortunez. Entreprise I.


quoy eſtimans qu’il n’eſt plus, le conſeil a eſté d’auis de luy faire ſes obſeques, & luy eſleuer vn Cenotafe que vous verrez tantoſt : voila qui eſt cauſe de noſtre triſteſſe, qui ne vous touchant que par commiſeration, ne vous empeſchera de prendre en ce lieu le temps & le plaiſir honneſte que vous deſirez.

Pluſieurs diſcours s’eſtans ſuiuis, le midy paſſé que la ceremonie ſe preparoit, les Fortunés ſe proumenans auec quelques Demoyſelles filles, auxquelles il n’eſt pas permis en ce pais-là, d’aſſiſter les conuois mortuaires, d’autant qu’elles ſont deſtinees pluſtoſt à nopces & lits Hymeneens qu’à cimetieres, les troupes funebres commencerent à paroiſtre : & les Fortunez eurent congé de ſ’auācer vers les Dames, pour aller voir & recognoiſtre ce qu’ils pourroyent : Les hommes veſtus de dueil cheminoyent de tel ordre, ſeptaloyent enſemble l’vn apres l’autre, & arriuez à certain terme ſ’arreſtoyent, tant que ſept autres ſe ioigniſſent à eux, pour cheminer deux enſemble îuſques à vn autre poſe, où ils ſ’arreſtoyent encor, cela ſe continuoit tant que peu à peu ainſi tous les rangs fuſſent ioints, puis apres ils ſ’eſchappoyent & retenoyent petit à petit tant qu’il ſe fit vne lozenge, apres laquelle eſtoit porté le Cenotafe ſuyui des chantres, puis de l’aſſemblee generale du peuple, ſelon les qualitez & rangs modeſtes. Le Cenotafe fut poſé au milieu du parterre preparé, & les gens de ceremonie ſ’en retirerent vingt pas loin, à ce que par l’eſpace d’vne heure, on le peut vifiter auant que faire les plaintes. Le plus ieune des Fortunez apres l’auoir obtenu des Demoyſelles


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