Aller au contenu

Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
fortunez. Entreprise I.


nous auons entre nous vne vieille Fee, qui eſt celle là meſme qui à la priere des parens a pris le ſoin de tout ce qui appartiḕt à ce feint tombeau pour y mettre ordre & l’executer. Sans doute elle qui eſt pleine de tous artifices, pourroit bien ſcauoir des nouuelles du ſuiet de noſtre ennui. Des le matin elle m’a dit qu’elle auoit affaire, & que difficilement ſe trouueroit au conuoy, i’entre en quelque ſoupçon d’elle qui eſt forte en ſcience, grande en ſecrets, magnifique en inuentions, & abondante en toutes fineſſes.Comme ils deuiſoyent il ſ’eſleua vn grand bruit, vn tumulte de gens qui ne ſcauent ce qu’ils diſent, La Dame appelle vn page pour ſcauoir que c’eſt & l’enuoye ſ’en enquerir, il ſ’en recourt tout esmeu : C’eſt dit-il, Madame, l’eſprit du defunct qui ſ’eſt preſenté à la compagnie, voyez ceux qui l’ont auiſé comme ils fuyent, meſmes les plus ſages ſe retirent. Les Fortunez auancerent auec les Dames & faiſans ſigne font arreſter ceux qui ſ’eſpouuantoyent ; vn de la troupe veint à eux diſant, Sans doute c’eſt luy, il veut ſ’approcher, on le fuit, il ſe preſente, on recule, il veut paſſer par le chemin haut & on l’empeſche ; Alors es Fortunez ſ’approchans de la nobleſſe, apres auoir parlé aux plus auiſez, allerent gayement vers celui qui ſ’approchoit, Ce n’eſt point, disḕt-ils, vn eſprit, ce n’eſt pas vn fantoſme, ſes yeux ſont humains, ſon geſte eſt d’vn homme, alons à lui & l’oyons. Adonques ceux qui l’auoient eſtimé vn ombre, eurent l’aſſeurance de le recognoiſtre, & ainſi pluſieurs le vindrent ſaluer lui donnans la main, & la Dame s’approchant de lui s’auance à l’embraſſer auec ces mots, Fulondes mon cher


B ij