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Fortunez. Entreprise III

Celles qui ont le cœur capable de clemence,
Portent ceſte couleur pour comme nous ſouffrir,
Celles que la rigueur cruellement eſlance,
Y prennent leurplaiſirpour nous faire mourir,
On cognoiſt és beaux yeux de ces belles aimables
Les feux incarnadins quimeuuent leur vouloir,
Auſſi les cœurs qui ſont d'vn bel amour capables,
Se viennent conſtamment ſubmettre à leur pouuoir.
Ceſte couleur de feu diuerſement brillante .
Monſtre des paſſions la cauſe & les effecis,
Car ainſi que la flame eſt ou ferme ou mouuante,
Conſtants ou vagabonds ſe trouuent les ſouhaits.
Et bien que la douleur comme ilſemble menaſſe,
Il n'ya point de crainte aux eſprits ha'(ardeux, s
S'il ya de la peine aiſément on l'efface,
Se bruſlans aux rayons d'vn œil doux & piteux.
Et puis les yeux galans des belles accomplies,
Sçauent bien diſcerner ce qui doit eſtre aimé,
Auſſi d'vn traict eſleu leurs lumieres choiſies,
Ont iuſtement touſiours leur ſuicct animé.
Tout ainſi que la flame enſes pointesſeporte,
Et qu'à ceſte couleur ieme tiens arreſté,
Je ſens que mon eſprit d'vne paſſion forte,
S'eſleue en la douleur dont il eſt agité.
L'incarnadin flambant qui monſtre à ma penſee
De quelsfeux vn bel œil m'aſurpris viuement,
Memeſle tout d'amonr, & mon ame bleſſee
Douloureuſe volette à ſon contentement.
Couleur qui me retiens non partapropre eſſence,
Mais par ce que tu plais à celle que ieſers,
Ces conſtantes ardeurs dont mon ame s'offence
Sont en mon chaſte cœur contentemens diuers.