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Fortunez. Entreprise III

Ainſi la verité deſſus vos leures croiſſe,
Et puiſſe-ie de vous mes fortunes ouir,
Ainſi voſtre beauté touſîours ieune#
Ainſi de vos amours puiſſieX vous bien iouir.

Puis paſſant de propos en autre, ils ſ’amuſe rent tant que la belle Meliſſe vint, plus eſcla tante en beauté que le Soleil n’eſt clair, quand il ſe leue au iour plus agreable ; cet Amant la void comme le propre aſtre de ſa vie, dont il eſpere tout bon-heur. Mais elle luy faict tout ne plus ne moins que font les derniers iours aux vieillards qui ſont comme les reſtes de l’Eſté, qu’il ſemble que le temps doiue faire vne ſaiſon nouuelle, & tout incontinent l’Hy uer enuelope les contrees, & les anciens ſe trouuans gays & ioyeux ſe trouuent preſques en parfaicte diſpoſition, ainſi que iamais n’ayans eſté mieux ny plus ſains, croyans ne ſ’eſtre onques ſi bien portez, & durant ce bel eſtat tout d’vn coup ſans cauſe manifeſte ils deſ cheent, & treſbuchent en la derniere occa ſion. De meſmes vniour de grace Veruillere ſentir vn malin reuers d’affaires : Car eſtant continué en la douceur de ceſte grande felici té tant abondante, receuant toute multitude de plaiſirs en ſon ame, ſe tenant conmblé de toutes proſperitez d’amour : Il luy auint en vn inſtant vn tres-grand malheur, le plus deſplai ſant que la diſgrace puiſſe former, parvne meſ chante & maudite ialouſie, quelques Nymphes compagnes de la belle, luy donnerêt des attein tes pour ſes amours, &y adieuſterent de folles


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