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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/601

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Le uoyage des Princes


donner vn terme à ſa belle amitié, & declarant à ceſte belle Arleone ce qu’il auoit premedité, la fit conſentir à ſa legitime deliberation, qui eſtoit de l’eſpouſer. Et pource que les parens du Gentilhomme le ſçachans l’en voulurét deſtourner, à cauſe du peu de moyens de la belle, & l’en empeſchoient, il fit vne feinte, & les aſſeura de n’y penſer plus, & qu’il practiqueroit d’autres amours : cependant il eſcriuoit à Arleone à toutes occaſions, ou la voyoit : & ainſi il fit partie auec elle de ſe diſtraire & ſ’en aller au loin viure heureux. Le Gentilhomme fit bource & amaſſa aſſez dequoy, meſmes en pierreries & ioyaux, qu’il mit entre les mains de ſa chere maiſtreſſe, & ayant communiqué à quatre de ſes intimes amis vn voyage premedité, ils luy promirent aide & aſſiſtance ſelon qu’il les en requereroit, leur diſant vne partie de ſon deſſein, mais non à la verité, car il leur teut le principal de l’affaire, biē leur raconta-il qu’il menoit auec ſoy vn ieune Gentilhomme ſien couſin, pour l’amour duquel principalement il entreprenoit ceſte partie. Ce Gentilhomme eſtoit Arleone, deſguiſé en beau ieune fils, laquelle ſçauoit le lieu où eſtoit le rendezvous, & elle qui euſt pluſtoſt ſouffert la mort que le denoüement de ſa foy, ny manqua pas, auſſi leur intention eſtoit mutuellement chaſte, & deliberoiēt de ſe depaïſer, & paruenus au lieu deſiré ſ’eſpouſer honneſtement, pour paſſer le reſte de leurs iours ſelon le deuoir. L’Amāt auec ſes amis vint où ils trouuerent Arleon, & incontinent veſtus en pelerins ſe mirent aux champs, & ſans eſtre deſcouuerts firent pluſieurs lieuës, ſi