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Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/605

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Le uoyage des Princes


eſt agreable de conſentir au bien d’vne perſonne qui vous en deſire. Arle. Vn pauure infortuné pourroit-il bien faire vne rencontre telle ? il n’y a pas apparēce. Clar. Il y en a, auſſi telle pēſé en vous qui peut ce qu’il vous plaira pour voſtre biē, & ſi vous auez le courage de tenir ſecret ce que ie vous communiqueray, & le prendre de telle part qu’vn cheualier vertueux le doit, ie vous propoſeray vn party, lequel vous accepterez ſ’il eſt à voſtre aduantage, ſinon vous le laiſſerez par raiſon, en conſeruant dans voſtre ame ce qui en ſera, auec ceſte gloire d’auoir eſté recherché. Arleon I’ay l’ame tant addonnee à la fidelité, que iamais elle ne manquera à ſon deuoir, parquoy ie vous feray tel ſerment qu’il vous plaira de tenir ſecret ce que vous me direz, & que ie ne le declareray iamais ſans voſtre cōmandement. Clariose. L’amour fait faire de grandes paſſades aux eſprits de ſon obeyſſance, c’eſt luy qui veut que ie vous declare ce que i’ay de plus ſecret au cœur, & ie vous prie de tenir en l’eſtat que vous m’auez promis ce que ie vous deſcouuriray. Depuis que mes yeux vous eurent deſcouuert, & qu’ils en eurēt raporté la nouuelle à mon cœur, ie n’ay eu autre penſee que celle que vos graces m’induiſoient, qui eſt cauſe que ie vous ay conſideré plus inſtāment, & de là i’ay creu, veu vos façons, que vous eſtes de bon lieu, & partant que ſi ie vous declare mon affection, vous m’oſterez de peine, en acceptant mon aliāce ſi rien ne vous empeſche. Arleon. Voicy vn coup d’extreme obligation ! vous m’auez ouuert voſtre courage, ie vous manifeſteray le mien, &